I. Gratuité des soins
La gratuité des soins telle que soutenue par la Déclaration Universelle des droits de l'homme (DUDH), décrétée et voulue par les conférences d'Alma Ata, les objectifs du millénaire (OMD), les Initiatives de Bamako (IB), la charte populaire pour la santé ainsi que d'autres instruments internationaux est une réponse adéquate au problème général posé au monde : l'accès pour tous aux soins de santé.
Mais cette gratuité s'applique ou ne s'applique pas, se vit ou ne se vit pas mutatis mutandis dans les différents pays du nord ou du sud et selon les conditions socio politiques de chaque pays.
Ainsi dit, la réussite du système de gratuité est dépendante de l'équilibre sociopolitique des autres secteurs de la vie nationale dans un pays.
En République Démocratique du Congo, tout comme la justice, l'enseignement ainsi que les autres secteurs de la vie nationale, la santé constitue un autre indice de ce qui ne va pas bien.
Elle est devenue au fil des temps une sorte d'insécurité psychologique si on s'en tient aux inquiétudes qu'elle génère dans les chefs des congolais et aux antivaleurs qui la gangrènent.
C'est plus de l'insécurité qu'une sécurité sociale.
Sur le plan fonctionnel, on pourrait définir la sécurité sociale comme un ensemble de mesures officielles coordonnées ayant pour-entre autres-fonctions de garantir un accès aisé à des soins médicaux de qualité et la protection de la santé; de garantir l'octroi d'un revenu social de substitution notamment en cas de maladie, maternité, vieillesse, décès, du soutien de la famille, d'invalidité, d'accident, de maladie professionnelle et de chômage, etc.
Or, en RDC, on peut au contraire parler d’insécurité des structures sanitaires, des prestataires des soins et de tous les congolais désireux de se faire soigner… bref à tout le système de santé congolais.
Le désordre quasi général qui ruine l'administration congolaise n'a pas exempté le secteur de la santé pivot central de la sécurité sociale.
Le Sud Kivu est devenu depuis près de 20ans, une terre de prédilection des Organisations humanitaires intervenant dans divers secteurs dont la santé dans une approche urgentiste.
Malgré la multitude de ces ONGs dans le domaine sanitaire, les réalités sanitaires quotidiennes en province du Sud Kivu sont dans l’ensemble médiocres et aléatoires.
Pourtant l'accès aux soins de santé de qualité est un droit fondamental de la personne humaine.
Tout Etat responsable a l'obligation de le garantir à tout citoyen.
Cela exige donc de cet Etat une vision de son système de financement, une organisation systémique et une politique réaliste et concertée de mise en place progressive d’un tel système.
D'après la politique nationale de la santé de 2010, en RD Congo la situation sanitaire a connu des niveaux variables depuis la période coloniale jusqu'à ce jour.
A l'aube de l'indépendance, la politique sanitaire était essentiellement axée sur la médecine curative avec des centres médicaux-chirurgicaux et des dispensaires satellites.
Avec les changements sociopolitiques des années 1960 et 1970, le système de santé a connu de profondes perturbations. La population ne pouvait plus accéder aux rares soins de santé que grâce aux efforts des plusieurs intervenants...
Les guerres qui sévissent le Kivu depuis 1996 et la situation socio économique très alarmante peu avant, sous le règne de Mobutu, ont gravement détruit tous les tissus et structures sociales.
La pauvreté et la misère sont devenues le lot quotidien de la population. Toutes les capacités locales d'auto prise en charge et de participation communautaire au développement endogène ont été annihilées dans tous les secteurs et même celui de la santé.
Ce qui a donné avantage à la prolifération, à l'extension et la persistance des maladies endémique ou pandémiques, infantiles ou maternelles mortelles ainsi qu'à d'autres antivaleurs nuisibles au secteur.
Comme toujours, la Communauté internationale via les organisations internationales est venue à la rescousse de la population.
Pour répondre au besoin accru de l'accès aux soins de santé, nombreux d'elles ont adopté de manière sélective dans le système sanitaire du Sud Kivu, l'approche de la gratuité totale ou de semi gratuité des soins ou encore d'achat de performance dans certaines zones de santé.
C'est le cas de MSF Hollande et Espagne qui ont appliqué la gratuité totale successivement dans les zones de santé Baraka, Kimbi Lulenge en territoire de Fizi axe sud du Sud Kivu, à Bunyakiri, Kalonge dans le territoire de Kalehe dans l'axe nord de la province ainsi que dans le territoire de Shabunda un peu à l'ouest de la province.
L'IRC a opté pour la semi gratuité dans une partie de la zone de santé de Kalehe (Hôpital d'Ihusi,…) et dans le territoire de Kabare (Hôpital de Mukongola), Malteser International était à Walungu (Hôpital FSKI au sud ouest) ; International Médical Corps (IMC) était dans la plaine de la rivière Ruzizi dans le territoire d'Uvira et même au nord Kivu ; le CICR était à Fizi, Uvira et Shabunda… pour ne citer que ceux-là.